Par Galerie Lamy Chabolle
Mobilier et objet d'art des XVIIIe, XIXe et XXe siècle
Paire d’appliques aux Faunes à deux bras de lumières.
Bronze ciselé et doré au mercure.
France.
ca. 1770.
h. 29 cm ; l. 18 cm ; p. 12 cm.
Paire d’appliques en bronze ciselé et doré au mercure, formées d’une tête de Faune dont la barbe se transforme en deux bras de lumières décorés de feuillages. La tête du Faune, couronnée de larges feuilles d’acanthe, est tenue contre la volute d’une gaine au fond bruni, d’un dessin strict, ornée de piastres modelées et amatis.
Cette paire est le plus rare exemplaire d’un ensemble de bras de lumières figurant des têtes de Faunes dont les moustaches et la barbe constitue la base du culot d’où naissent les bras de lumière. Un premier exemple de cette série, passé en vente chez Christie’s à New York le 16 avril 2002, et adjugé $20 315, était attribué à Jean-Louis Prieur. Un modèle semblable passe en vente chez Christie’s à New York le 9 décembre 2004 (28 680£), Artcurial le 4 novembre 2010 (11 ...
... 730 €) et Sotheby’s le 19 novembre 2019 à Paris (16 000 €). Une dernière paire, enfin, est décrite dans l’inventaire du Musée Nissim de Camondo, au n° 600.
On sait que ce modèle, par ailleurs illustré dans L'Art pour tous, 17e année, p. 1758, connaît des variations, la plus marquante étant un modèle vendu 37 500 € chez Sotheby’s à Paris lors de la vente Bernard Baruch Steinitz le 30 juin 2016 ; un modèle particulièrement rare à un seul bras de lumière, jaillissant de sa bouche et passant entre ses moustaches et sa barbe.
Ces appliques ont en commun de représenter une tête de Faune reposant contre une console rocaille à volute ; le haut de la tête se change en larges feuilles d’acanthes travaillées au mat à la pointe ; les bras de lumière naissent d’un culot de feuilles d’acanthes issu de leur barbe ou de leur moustache ; chaque bras est vissé au bassin et à la bobèche par une tige filetée ; la bobèche est tournée et ornée de rosaces, comme sur nos appliques.
L’attribution de ce modèle à Jean-Louis Prieur en 2002 était peu argumentée. Les modèles d’appliques à deux bras de lumière datés et attribués avec certitude à Prieur ont, certes, en commun avec cet ensemble certains éléments typiques des bronzes dorés d’époque Transition : les appliques sont construites autour d’une gaine ou console à la grecque, couronné d’un personnage, formant ainsi un Terme ou un Hermès. Tous les modèles susmentionnés, dont les bras de lumières naissent des moustaches, ainsi que le modèle à un bras de lumière issu des collections de Bernard Baruch Steinitz, ont toutefois moins en partage avec les modèles de Prieur que notre modèle, plus rare, constitué d’une gaine ornée de piastres : la console des modèles précédents est plus proche du style Louis XV ou rocaille, et date sans doute des premiers feux du style dit Transition. Cette console, à elle seule, est complètement Louis XV, et ne se retrouve pas dans les bras de lumière d’Hermès ou de Termes documentés de Prieur.
Bien que l’attribution à Prieur soit délicate et incertaine, on peut noter les similitudes suivantes entre ce modèle à gaine et piastres et les appliques attribuées avec plus de certitude d’après les dessins de Prieur, notamment celles du Musée Nissim de Camondo, initialement destinées au château de Varsovie : le fût de l’applique est constitué d’une gaine, la gaine repose sur une graine et sur un culot de feuilles d’acanthes modelées et travaillées au mat ; les parties saillantes de la gaine sont brunies tandis que son fond est garni de motifs ombrés ; les « yeux » des feuilles d’acanthe sont affirmés par un coup de « bouge ». Les bras de lumière sont assemblés à la gaine par un carré d’ajustage et les bassins sont fixés aux culots par une broche filetée.
Sans prendre, quant à nous, le risque d’une attribution à Jean-Louis Prieur, ces éléments stylistiques et techniques, tant du point de vue du montage que de la ciselure et de la dorure, permettent de dater cette paire d’appliques du milieu des années 1770 : les modèles précédents, passés en vente chez Christie’s, Sotheby’s et Artcurial, étant datés, sans doute à juste titre, dans le milieu des années 1760, ce modèle, d’un style néoclassique plus pur et affirmé, semble opérer la jonction entre ces premiers modèles Transition et le commencement du style Louis XVI propre.
Les bras de lumière ont été très discrètement percés pour électrification. Une faiblesse dans l’un des bras de lumière a été renforcée par soudure. Quelques usures et ternissures de la dorure dues à l’ancienneté.
Sources
Émile Reiber, Claude Sauvageot, Pierre Gélis-Didot et Henry Guédy, L'Art pour tous, 17e année, n° 440, 1878.
Hans Ottomeyer, Peter Pröschel et al., Vergoldete Bronzen. Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, t. I, Munich, 1986.
Musée Nissim de Camondo, Paris, 1990.
Marc Voisot et Éric Thiriet, « Contribution technique à l'authentification des bras de lumière du Musée Nissim de Camondo attribués à Jean-Louis Prieur », dans Dessiner et ciseler le bronze. Jean-Louis Prieur (1732-1795), Paris, 2015.
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