C'est un de ces siège particulièrement confortables, dont le XVIIIe siècle a enrichi notre mobilier; son nom fut emprunté à l'Orient par une société voluptueuse, qui mit fort à contribution, pour som ameublement, un pays dont les moeurs relâchées devaient être pleines d'attraits pour elle. Les sophas, les divans, les paphoses, etc., sont là pour attester cette communion de goûts. L'ottomane dériva d'abord du lit de repos.
La première mention que nous rencontrons de son nom figure dans un Inventaire général des meubles de la Couronne, dressé en 1729. Elle est ainsi conçue : "Un grand lit de repos en Ottomane, de dix pieds de long sur trois pieds de profondeur, la couchette en deux parties à roulettes, sanglée et garnie avec un matelas couvert d'un côté et sur les bords, deux traversins et six carreaux et housses, pour le tout de taffetas blanc doublé de toile, le bois sculpté doré".
L'ottomane, toutefois, ne tarda pas à abdiquer ces proportions majestueuse.
Le tapissier Bimont, la réduit, en moyenne, à six pieds et demi, et prend soin de nous expliquer la forme même de ce meuble qui déjà de son temps, embellissait tous les boudoirs " c'est , nous dit-il, la même chose que le canapé, à l'exception qu'il n'y a point de joues; mais, à leur défaut, les deux extrémités du dossier forment demi-cercle... On pose deux oreillers aux deux bouts de l'ottomane. Ils ont chacun vingt-six à vingt-huit pouces carrés. On les borde d'une crête double, etc."
Ces sièges confortables, étant donné surtout le galant usage qui leur était assigné, ne pouvaient manquer d'être somptueusement vêtus.