En language de blason, les lambrequins sont des festons d'étoffe découpée, qui pendent autour du casque et embrassent l'écu, auquel ils servent d'ornement. Par analogie, les architectes ont donné ce nom à des ornements pendants et découpés, soit en bois, soit en métal qui bordent une marquise, un auvent ou la toiture d'un pavillon.
Le goût des constructions en manière de chalet, qui s'est répandu au XIXe siècle, a généralisé l'usage de ces lambrequins, en même temps que l'emploi de la scie à ruban, pour le découpage du bois, a rendu ce genre d'ornements très fréquent dans les constructions de toutes sortes.
Lambrequin galonné, d'après un dessin de D. Marot
Par une extension peu logique, ces découpures, qui devraient prendre le nom de lambrequins seulement lorsqu'elles sont pendantes, le conservent quand on les emploie comme couronnements et comme ornements de faîtage.
Dans cette nouvelle adaptation, le lambrequin affecte généralement un dessin beaucoup plus aigu. Les fleurs de lis, les pointes de lance, les feuillages fournissent les motifs les plus usités. Comme le bois ne pouvait produire que des lambrequins plats, on a demandé au métal des lambrequins en relief. Le zinc et la tôle mince se prêtent assez bien à ce genre de travail, et l'on peut obtenir, avec ces deux métaux, des lambrequins ornés de saillies artistiques.
C'est aussi par analogie que les tapissiers appellent lambrequins des bandes d'étoffes tombantes, largement découpées ou échancrées avec art, dont ils décorent les galeries de fenêtres, les ciels de lit, etc. C'est surtout au-dessus des baies, portes ou fenêtre, que le lambrequin a sa place indiquée. Ses nobles découpures encadrent richement les prises de jour et enlèvent aux lignes qui terminent celles-ci leur rigidité toujours monotone.
Lambrequin à falbalas, d'après un dessin de D. Marot
Les lambrequins sont souvent d'une grande richesse. On les orne d'applications, de broderies, de franges, de glands, etc. Parfois, on les drape pour leur donner plus de caractère. Daniel Marot (architecte français né à Paris en 1661 et mort en 1752) en a dessiné d'assez beaux modèles.
On a essayé de faire remonter à une époque relativement lointaine l'emploi des lambrequins en tapisserie. On a prétendu, non sans apparence de raison, qu'au XVe siècle et XVIe ils portaient le nom de Filatières.
Le certain, c'est que les frises découpées sont en usage dans la tapisserie depuis le XIIIe siècle, et qu'on les rencontre aussi bien dans la décoration intérieure des chambres que dans la décoration extérieure des tentes et pavillons.
Ce nom de lambrequin, lamequin ou lambequin, car on le trouve orthographié de différentes manières, désignait, dans le principe, nous l'avons dit, la couverture que les grands personnages plaçaient sur leur casques, pour se faire reconnaître dans la mêlée. Ces couvertures, faites d'étoffe, servaient à lier les cimiers, qui étaient de plumes.