D’origine parisienne, fils du maître ébéniste François Garnier et de Françoise Courant, Pierre Garnier est admis à la maîtrise en 1742. Membre de la jurande des menuisiers-ébénistes, son père est alors élu à la charge de juré – charge qu’il occupe jusqu’en 1744. Dans la volonté de ne pas suivre son père, Garnier abandonne le Faubourg Saint-Antoine pour la rue Neuve-des-Petits-Champs, près de la place Vendôme. En 1754, il épouse Madeleine-Antoinette Oger, fille d’un marchand-fabricant de galons d’or et d’argent. Ebéniste réputé, sa clientèle se compose sans doute de marchands comme Léonard Boudin mais surtout de grands riches du royaume à qui il livre de nombreuses commandes. Parmi eux, Louis Georges Erasme, maréchal de France, la duchesse de Mazarin ou encore le marquis de Marigny, frère de Madame de Pompadour, se présentent comme les plus réguliers. Document précieux, la correspondance conservée entre les deux hommes, qui découle des nombreuses commandes réalisées pour lui, nous donne l’occasion de mieux saisir les traits de caractère de l’ébéniste, résumés selon la formule consacrée pour définir les nouveaux jurés de la jurande des menuisiers-ébénistes à « probité, conduite et capacité reconnue ».
Si Garnier est moins connu que ses confrères Oeben ou Riesener, il n’en reste pas moins l’un des plus grands promoteurs de même que l’un des plus originales maîtres du style « à la grecque » qui s’insère aujourd’hui plus largement dans le style de Louis XVI. Les premières années de sa carrière sont marquées par le style rocaille alors à la mode. Il réalise déjà des ouvrages de belle qualité tels que des commodes en marqueteries de losanges, en bois de rose et amarante mais aussi des secrétaires et encoignures raffinés marquetés de bois précieux ou ornés de vernis dans le goût de la Chine. La manière de Garnier affiche une prédominance des marqueteries géométriques, de losanges, de croisillons ou encore de placages en feuilles diversement disposés. Ces placages sont parfois compartimentés par des encadrements très sinueux et très entrelacés. Il réalise aussi quelques meubles dans le style Transition ; mais c’est tout de même avec l’arrivée du néoclassicisme que Garnier réalise la plus grande et la plus significative partie de sa carrière, période au cours de laquelle il affirme sa manière et élabore des œuvres très typées. Ces meubles caractérisent le style « à la grecque », un style aux formes architecturées et aux décors fournis empreintés pour partie au style Louis XIV. A côté de ces meubles, Garnier réalise également des bibliothèques basses, des secrétaires aux placages ou aux laques encadrés de bronze ainsi qu’une série de bureaux plats.
Comme l’atteste un texte publié dans les Petites Affiches de 1800 qui annonce la vente de sa fabrique après son décès, l’activité de l’ébéniste perdure après la Révolution et jusqu’à la fin de sa vie.
MUSÉES
- Médailler à 2 corps - Musée des Arts Décoratifs
- Encoignure - J. Paul Getty Museum
- Table à écrire - The Wallace Collection
BIBLIOGRAPHIE
- Pierre Garnier - Christophe Huchet de Quénétain - Perrin & fils, Editions de l'Amateur - 2003
- Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle - Pierre Kjellberg - Les Editions de l'Amateur - 1989
- Les ébénistes du XVIIIe siècle - Comte François de Salverte - Les éditions d'Art et d'Histoire - 1934