Du 18 octobre 2016 au 22 janvier 2017 | MUSÉE RODIN
Avec cette porte mystérieuse et imposante qui ne s’ouvre pas, Rodin offre une vision spectaculaire des Enfers, pleine de fièvre et de tourments.
La Porte de l'Enfer est l'œuvre centrale de toute la carrière de Rodin. Lorsque le sculpteur obtient en 1880 la commande de ce qui devait être une porte destinée au musée des arts décoratifs, il est un artiste encore peu connu. Il se lance dans des recherches passion- nées pendant près d'une décennie, s'inspirant d’abord de la Divine Comédie de Dante puis de plus en plus des Fleurs du Mal de Baudelaire. Travaillant aussi bien la dimension architecturale de la Porte (bas-reliefs, pilastres, éléments décoratifs) que les personnages qui grouillent à sa surface, Rodin crée des formes inédites pour exprimer les passions humaines selon les mots du critique Gustave Geffroy, « les recherches et les trouvailles du sculpteur apparaissent visibles dans ces réalisations triomphantes de sa pensée et de ses mains : des attitudes nouvelles ».
Les très nombreux groupes et figures de damné(e)s que Rodin dessine, modèle et assemble constituent un véritable répertoire de formes qu'il réutilise ensuite jusqu'à la fin de sa carrière, avec une inventivité toujours renouvelée. Bien des œuvres parmi les plus connues découlent de cet élan qui propulse Rodin sur le devant de la scène artistique, à commencer par le Penseur, le Baiser, Ugolin la Danaïde ou les Ombres. La lecture de La Porte de l’Enfer éclaire toute l’œuvre de Rodin. On y trouve un condensé de ses recherches stylistiques, et un point de départ pour de nombreuses variations permises par ses techniques de prédilection : fragmentation, assemblage, agrandissement, réduction, répétition...
Fasciné par le corps, qu’il soit douloureux, violent ou érotique, Rodin dessine, modèle et retravaille sans cesse ses créations antérieures afin de saisir et d’exprimer tous les élans de l’âme. La présentation exceptionnelle de plus de 50 « dessins noirs », souvent annotés par Rodin, donnera à voir cette recherche de la composition et du mouvement. Particulièrement fragiles et pré- cieux, ces dessins au trait rehaussés de lavis d’encre et de gouache ne sont exposés qu’avec parcimonie. Une trentaine de sculptures restaurées pour l’exposition seront présentées pour la première fois.
Le parcours de l’exposition se poursuivra dans le jardin de sculptures du musée, où se trouve un exemplaire en bronze de la Porte, tandis que les visiteurs du musée Rodin de Meudon pourront admirer le grand plâtre que Rodin présenta au public dans sa grande exposition personnelle de 1900 une version dépouillée de ses figures et groupes les plus en saille, état d’une œuvre où l’effet de foule tenait pourtant une place si importante.
Commissaire : François Blanchetière, conservateur du patrimoine, adjoint au responsable du service de la conservation
Musée Rodin
77, rue de Varenne
75007 Paris
T. +33 (0)1 44 18 61 10