Depuis la rue Traversière-Saint-Antoine où il exerce, Mathieu Criaerd se présente comme le membre le plus talentueux et le plus fécond de cette famille d’ébénistes. Issu d’une famille flamande, il est le fils de « Jean Criaerd, bourgeois de la ville de Bruxelles » et le frère de l’ébéniste Antoine Criaerd. De son union avec Jacqueline Godelart – fille de François Godelart, ébéniste du Faubourg Saint-Antoine - en 1721, il aura deux fils dans la profession : Antoine Mathieu (maître le 22 avril 1747) et Sébastien Criaerd. Si il œuvre pour Jean-François Oeben jusqu’à son décès en 1763, il livre aussi dans les années 1740 de nombreux meubles de luxe, pour le Garde-Meuble royal, au marchand-mercier Hébert. Plusieurs meubles, pourvus par le marchand pour les résidences royales portent ainsi son estampille. Par la suite, dans les années 1755-1765, il travaille pour son successeur, Gilles Joubert.
La manière de Mathieu Criaerd se caractérise par des meubles Louis XV de belle qualité et soignés. Il réalise en outre de très nombreuses commodes qui dévoilent à elles seules un aperçu de l’évolution du style et des modes de décor de mobilier de la première partie du XVIIIème siècle. Ses premières commodes, droites ou cambrées, dites « en tombeau » empruntent aux modèles Régence, habillées de bois sombres – palissandre ou amarante – et ornées de bronzes classiques. Ses œuvres Louis XV se caractérisent par leur placage de bois de rose ou de violette mais aussi par des marqueteries de satiné et d’amarante à motifs de croisillons sur toutes leurs faces. Plus simples, ces modèles se présentent souvent avec deux tiroirs puis sans traverses apparentes. Ils sont ornés d’un décor de bronze composé de minces rinceaux, de feuillages, de guirlandes, toujours très joliment ciselé. L’ébéniste pratique quelques peu les marqueteries florales toujours ornées de bronze, un trait typique de sa production. Ce même décor est visible lorsqu’il accompagne les décors de laques de Chine ou de vernis Martin dans le goût extrême-oriental que Criaerd emploie. Une série de commodes de petites dimensions est ainsi exécutée en laque polychrome et or avec son décor de bronzes rocaille. Moins caractéristiques que ses commodes, l’ébéniste réalise de manière accessoire des bureaux plats, bureaux de pente, des petites tables ou encore des coiffeuses, plus simples, ornés de marqueteries à croisillons ou de placages unis.
Au décès de sa femme en 1767, Mathieu Criaerd décide de mettre un terme à son activité et cède sa fabrique à son second fils, Sébastien Mathieu, qui se limite au simple commerce.
MUSÉES
- Commode en vernis Martin bleu, Commode Louis XV, Encoignure "en suite" - Musée du Louvre
- Encoignure Louis XV en placage de bois de rose et de bois de violette. - Saumur
- Commode Louis XV , marquettées dé quadrillages, bronze rocaille - château de Versailles
- Petite commode à décor japonais en vernis Martin - Metropolitan Museum - New York
BIBLIOGRAPHIE
- Le Mobilier Français du XVIIIe Siècle - Pierre Kjellberg - Les Editions de l'Amateur - 2008
- Les ébénistes du XVIIIe siècle - Comte François de Salverte - Les éditions d'Art et d'Histoire - 1934