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Après les styles très prononcés de Louis XV ou Louis XVI, Napoléon Ier tente de rompre avec eux et n’en conserve que le goût pour l’égyptomanie. Il empreinte également à la monumentalité et la symétrie de Louis XIV. Son style, le style Empire développe également un sens de l’intimité où des pièces comme la chambre sont mises à l’honneur et somptueusement garnies pour les plus luxueuses de petits meubles légers avec un intérêt tout particulier porté aux meubles de toilette comme l’athénienne, la psyché ou le somno.

Créé sous le Consulat - dans les premières années du règne de Napoléon Ier - le somno ou somneau se présente comme un petit meuble en forme de table cylindrique ou carrée, composée d’une partie fermée qui offre un espace de rangement. On le place dans la chambre à coucher, souvent à côté du lit pour servir de table de nuit. C’est sous l’Empire que cette table prend le nom de « somno », du latin somnus qui signifie « sommeil ».

Paire de Somno
Paire de somnos en acajou, style Empire, Gulessian frères Antiquités© Anticstore

La table de nuit arrive tardivement dans le mobilier. Les premiers modèles apparaissent au XVIIIème siècle, à la ville puis à la campagne, sous la forme d’une petite caisse évidée sur pieds galbés qui, déclinée en noyer provincial ou en bois de rose aristocratique, reste en usage jusqu’à la fin du siècle. La table de nuit présente peu de déclinaisons régionales : elle est en noyer dans le Sud, en merisier dans le Sud-ouest, en chêne en Normandie. Les provençales possèdent des traverses légèrement chantournées, celles du Nord sont sobrement galbées avec peu de découpes. Ce modèle classique est remplacé dans les premières années du XIXème siècle par le « somno » d’acajou en forme de tambour, fermé par une porte pleine.

L’époque

Après l’établissement de l’Empire en 1804, Napoléon garde comme architecte Fontaine, toujours associé avec Percier ; les éléments caractéristiques du mobilier à la mode deviennent les bases du style officiel, et maintiennent « les principes de goût […] puisés dans l’antiquité […] et liés à ces lois générales du simple, du vrai et du beau ». Beaucoup de commandes sont opérées par des proches de l’empereur pour leurs demeures parisiennes. Dans les différents types de meubles, des tendances s’affirment. La symétrie de la construction et du décor, la prédominance de la ligne droite et les masses architectoniques sont à la base de leur construction. Pour les appartements secondaires des résidences impériales, des ameublements en série, semblables à ceux que l’on trouve dans les maisons particulières sont fabriqués par dizaine. Ainsi, le mobilier type d’une chambre de l’époque comporte-t-il outre les sièges et le lit, une commode, un secrétaire, un guéridon et pour la garde-robe, une chaise-d’affaire ou encore une table de nuit ou somno.

Les caractéristiques du somno

Le somno en forme de piédestal sur socle est la norme dans le mobilier premier Empire. Son décor de bronze, placé en applique sur la face principale et parfois sur les côtés varie selon les fabricants et selon l’importance de la chambre à coucher où il figure. Il est moins centré que dans le style précédent sur les thèmes du sommeil et de la nuit. Sur les somnos de Jacob, on remarque fréquemment un vase-urne à anses, parfois une lampe antique. Sur ceux de Marcion, l’ornementation est particulièrement soignée.

Somno - Marcion
Somno en acajou, estampillé Marcion, époque Empire, Galerie de Cicco © Anticstore

Le somno de l’Empereur à Compiègne de 1809 présente, lui, sur sa face principale un glaive à tête d’aigle attaché par des rubans à une couronne de laurier, sur ses faces latérales une grande flèche, et à la frise des étoiles. C’est ici le thème guerrier qui a prévalu. Comme pour plusieurs types de meubles, l’évolution du somno est liée à l’emploi des colonnes. Il ressemble à un secrétaire miniature, et l’ouverture ne présente plus à l’arrière mais par une porte de face. Cette porte est souvent ornée d’un bas-relief. Le troisième modèle, le somno rond ou cylindrique, est fabriqué sous l’Empire mais sans connaître une grande diffusion.

Somno en merisier
Somno en merisier, début du XIXème siècle, François frères Antiquités © Anticstore

Il en est de même pour le somno de forme trapézoïdal qui ne possède que quelques exemples de l’époque Restauration. Sous Louis-Philippe, un petit meuble rectangulaire à dessus de marbre succède au somno et demeure en usage tout au long du XIXème siècle, en concurrence avec les imitations des styles Louis XV et Louis XVI qui accompagnent les chambres à coucher de style. Ce meuble modeste est enfin dédaigné au XXème siècle où l’on le remplace aisément par un guéridon ou une table basse.

Un ébéniste de l’époque Empire à retenir pour ses somnos remarquables

Marcion Pierre Benoît

Marcion Pierre Benoît (1769-1840) : Issu d’une famille de marchand-fripier, Pierre-Benoît Marcion est né à Paris. En 1798, il passe des annonces pour le transfert de son atelier-magasin « Aux égyptiens » dans lesquelles il invite le public à voir « son choix de meubles de genre, en bois d’acajou, richement ornés de bronzes, d’après les belles formes des antiquités étrusques, égyptiennes, grecques et romaines ». Sa première commande officielle est non négligeable, puisqu'en 1801 il livre 82 chaises en acajou décorées d'incrustations au Sénat Conservateur. À partir de 1805 il est un des fournisseurs réguliers du Garde-meuble impérial pour finir par devenir l’un des principaux ébénistes au service de Napoléon, le second après Jacob-Desmalter. Ses commandes intéressent le Petit Trianon, le Palais des Tuileries, celui de Saint-Cloud, de Fontainebleau et de Laeken. Outre les sièges, Marcion réalise aussi des commodes, des secrétaires, des bibliothèques, des consoles, des bureaux, des lavabos ou encore des somnos. Les commandes deviennent très significatives à partir de 1808, principalement pour les Trianon, les Palais de Compiègne et de Fontainebleau. Puis les affaires deviennent difficiles et il n'a plus que de petites commandes. À l'occasion de l'évaluation de son stock en 1816, le vérificateur du Garde-meuble écrit que ses meubles « réunissent à la fois la qualité parfaite des matériaux au fini de la confection, à la régularité des proportions […] Mr. Marcion est un des ébénistes de Paris qui fait établir des meubles avec le plus de perfection ». En 1817, Marcion cesse son activité et se retire à Château-Thierry, où il possède deux propriétés.

Somno Empire
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