Issu d’une famille d’ébénistes, Saunier démarre sa carrière dans l’atelier de la famille avec son père Jean-Charles, rue du Faubourg Saint-Antoine, vis-à-vis la rue Saint-Nicolas. Il lui succède en 1765 et enregistre dans la foulée ses lettres de maîtrise - reçue à l’âge de dix-sept ans en 1752. Après sa reprise de la fabrique, sa réputation s’étend très vite, non seulement en France mais également à l’étranger comme par exemple à Londres. Il œuvre pour le marchand-mercier Daguerre, qui possède au nombre de ses clients de grands collectionneurs anglais comme Lord Spencer.
Si sous les rennes de son père, Saunier participe à la fabrication de meubles aux formes galbées et aux décors rocaille, c’est un goût considérablement évolué en faveur d’un style plus sobre inspiré de l’Antiquité que l’on retrouve sous sa direction. Encore jeune, Saunier adopte les idées nouvelles. En dehors de quelques ouvrages Louis XV, de très bonne qualité mais sans une réelle originalité si on les compare à ceux de ses confrères, sa production se caractérise essentiellement par des meubles de style Transition et des meubles Louis XVI. Dans chacune de ces catégories, il créé des types de meubles très caractéristiques reconnaissables même en l’absence de son estampille. Si Saunier n’est pas demandé de la cour ni des grands du royaume, il incarne en revanche le goût des amateurs parisiens pour la rigueur, la sobriété et l’équilibre des formes. Ces qualités propres le présentent ainsi comme l’un des meilleurs ébénistes du règne de Louis XVI. Pour ses meubles, Saunier préfère les bois massifs, incrustés de simples filets. S’il emploie largement l’acajou, après le bois de rose et le satiné, ses placages affichent finalement une prédominance des bois aux essences indigènes comme le citronnier qu’il utilise en grandes surfaces pour mettre en valeur sa luminosité. Saunier affiche aussi volontiers un goût pour les contrastes, visible dans les encadrements d’amarante ou de filets d’ébène doublés de baguettes de bronze - mais il en use pour le moins toujours avec retenue.
Après la révolution, il reprend son activité jusqu’à la fin du siècle, d’abord rue du Faubourg Saint-Antoine puis rue du Harlay pour finir par la rue Saint-Claude. Quelques meubles en érable ou en acajou, déjà dans le goût Empire, portent alors son estampille.
MUSÉES
- Bibliothèque basse en acajou, ornée de bronzes ciselés et dorés. Deux vantaux vitrés, rinceaux à la frise. Dessus en marbre blanc. Vers 1778-1785. Estampille de Claude-Charles Saunier. H.87cm; L.109cm; l.24cm. N°52 - Musée Nissim de Camondo
- Secrétaire en acajou, orné de bronzes ciselés et dorés. En haut, trois tiroirs; en bas, armoire à deux vantaux; au milieu , panneau s'abattant avec volets latéraux pouvant l'élargir (intérieur couvert en cuir vert); de chaque côté, depuis le bas jusqu'aux tiroirs supérieurs, armoires, celle de droite à casiers, celle de gauche à sept tiroirs, rinceaux à la frise, vers 1775-1785. Estampille C.C.SAUNIER. H.142cm; L.133cm; l.45cm. N°54 - Musée Nissim de Camondo
- Bureau à cylindre, en acajou moucheté, orné de bronzes ciselés et dorés. Trois tiroirs supérieurs et cinq inférieurs, tirettes sur les côtés; pieds cannelés. Dessus en marbre blanc, à galerie ajourée en bronze, ornée de rinceaux de feuillages et de fleurs, vers 1775-1785. Estmpille de Claude-Charles Saunier H.123cm; L.133cm; l65cm. N°55 - Musée Nissim de Camondo
BIBLIOGRAPHIE
- Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle - Pierre Kjellberg - Les Editions de l'Amateur - 2002
- Les ébénistes du XVIIIe siècle - Comte François de Salverte - Les éditions d'Art et d'Histoire - 1934
- Les Ateliers parisiens d'ébénistes et de menuisiers aux XVIIe et XVIIIe siècles - Guillaume Janneau - S.E.R.G., 1975, p. 122
- L'art et la manière des maîtres ébénistes français au XVIIIe siècle - Jean Nicolay - édition Pygmalion - 1976