D’origine flamande, ce fils d’ébéniste ouvrier libre né à Paris dans le Faubourg Saint-Antoine s’intègre d’emblée à la communauté et y noue de nombreuses alliances notamment avec les ébénistes Jean-François Oeben et Jean-Henri Riesener, successivement époux de sa sœur aînée, Françoise-Marguerite. Il est également le grand ami du marchand Pierre Migeon à qui il livre de nombreux meubles légers et de l’ébéniste Martin Carlin. Il livre à des marchands comme Poirier et Daguerre. En 1755, après le décès de son père, Lacroix décide de reprendre la fabrique de ce dernier rue du Faubourg Saint-Antoine. La grande qualité de ses œuvres et une production particulièrement féconde lui procurent très vite une grande renommée. Dès 1769, par le biais de son confrère le marchand Gilles Joubert, il est en charge de toutes les commandes de la cour. Il va ainsi fournir plusieurs meubles aux demeures royales notamment à la comtesse de Provence et à Madame Victoire. A l’intérieur de sa communauté, Lacroix occupe une place respecté : juré de 1768 à 1770, il est ensuite successivement syndic et député en 1784.
Grand spécialiste du meuble fantaisie, Lacroix se distingue par des meubles Louis XV très homogène, d’une grande qualité et un grand talent de marqueteur. Sa manière est reconnaissable à sa marqueterie de croisillons et quatre-feuilles dite « à la reine ». Il orne le plus souvent ses ouvrages avec des mosaïques nuancées et des petits tableaux en bois dans la composition desquels il amène du goût et de la fantaisie. Sa première production, à l’époque Louis XV, évolue avec les attributs de l’époque Transition. A la fin du règne de Louis XV, il est l’un des premiers à réaliser des meubles en citronnier incrusté d’ébène. Il imagine aussi des décors en camaïeu, à dessins de fleurs ou de sujets chinois.Ses commodes, presque toutes d’un modèle Transition, se compose le plus souvent d’une caisse rectangulaire, de pieds galbés et de deux tiroirs principaux surmontés de trois tiroirs en frise couverts d’entrelacs de bronze doré. La marqueterie s’organise en trois panneaux en façade cernés de cadres de bronze doré échancrés aux angles en carré ou en rond, avec des rosaces de bronze doré. Les motifs sont le plus fréquemment des motifs géométriques ou vases de fleurs. Il effectue ensuite des modèles Louis XVI d’une grande précision marqué par l’arrivée d’un motif caractéristique, la rosace en hélice. Lacroix se spécialise comme Topino dans les bonheurs-du-jour qu’il aime décorer dans le goût chinois avec une marqueterie de petits vases de fleurs ou d’ustensiles divers, dérivés de motifs des paravents chinois. L’ébéniste réalise également de nombreuses petites tables pour lesquelles il utilise des motifs répétés de cercles ou losanges imbriqués, de quadrillages avec œillets ou fleurons ou encore de stries verticales jaunes et vertes qui imitent la marqueterie de paille.
Lacroix met fin à son activité sous la Révolution, sans fils ni épouse pour prendre la relève. Sa fabrique est vendue après son décès.
MUSÉES
- Armoire basse ouvrant à deux vantaux. De forme droite, elle présente des angles coupés et un socle en anse de panier. Le placage se compose d'amarante pour les encadrements des panneaux. L'intérieur de ceux-ci présente un frisage en aile de papillon avec en son centre une marqueterie en bois de bout représentant des fleurs en bouquet noué. Latéralement, le placage est composé de feuilles. L'ornementation de bronzes dorés et ciselés comprend de larges encadrements, des rosaces, culs de lampe, entrées de serrure et deux plaques en pointe de diamant. Dessus en marbre brèche d'Alep. - N°MAD1224 - Musée des Arts décoratifs - Lyon
- Commode - Musée Cognac-Jay
- Secrétaire - Petit Palais
BIBLIOGRAPHIE
- Roger Vandercruse dit LA CROIX, RVLC - Clarisse Roinet - Perrin & fils, Editions de l'Amateur - 2000
- Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle - Pierre Kjellberg - Les Editions de l'Amateur - 2008
- Les ébénistes du XVIIIe siècle - Comte François de Salverte - Les éditions d'Art et d'Histoire - 1934