Né à Fribourg-en-Brisgau dans la principauté de Bade en Allemagne, Martin Carlin est le fils du charpentier Trouper Carlin et de Marie Dombrachin. Il se marie en 1759 avec l’une des sœurs de l’ébéniste Jean-François Oeben, Marie-Catherine, avec laquelle il a trois enfants. Alors installé à Paris comme ouvrier à gages quai des Célestins, il travaille pour son beau-frère. Après avoir obtenu ses lettres de maîtrise, il déménage rue du Faubourg Saint-Antoine à l’enseigne du « Saint-Esprit » ou de « La Colombe » où il y exerce comme ouvrier libre. Même s’il n’a jamais reçu le titre d’ébéniste de la Couronne, Carlin livre de nombreuses commandes aux membres de la famille royale par le biais des marchands-merciers avec lesquels il collabore comme Simon-Philippe Poirier ou encore Dominique Daguerre. De 1766 à 1778, il ne fabrique d’ailleurs quasiment que des meubles de porcelaine pour Poirier. Parmi ses clients les plus célèbres figurent la reine Marie-Antoinette, la comtesse de Provence ou encore Mesdames, filles de Louis XV. Carlin collabore également avec des ébénistes comme Jean-Jacques Pafrat.
L’œuvre de Martin Carlin s’insère pleinement dans le style Louis XVI, si l’on excepte quelques meubles de style Transition parmi lesquels figurent de nombreux petits bureaux bonheur-du-jour ornés de plaques de porcelaine, une spécialité à l’origine de la renommée de l’ébéniste. Sous le règne de Louis XVI, Martin Carlin s’impose ainsi comme le maître des ouvrages ornés de plaques de porcelaine de Sèvres qui commande directement à la manufacture. Carlin favorise les plaques de forme ovale ou cintrée pour ses petits guéridons et secrétaires.
Son œuvre se caractérise également par des meubles en laque de Chine ou du Japon mais aussi par ses bronzes, d’une grande finesse de ciselure. Ces derniers se composent d’encadrements, de frises et de chutes de feuillages, de fleurs et de fruits et de colonnettes d’angles profilées en balustres dans le goût des candélabres dessinés sur les fresques des demeures pompéiennes. Parmi les motifs caractéristiques de la manière de l’ébéniste on retrouve aussi une frise en bronze composée de festons de draperies et une « campane », grand lambrequin en saillie qui marque le centre de la ceinture et parfois orné d’un mascaron en bronze. Carlin réalise principalement des petits meubles légers, construits, précieux et féminins : petites tables, guéridons, pupitres à musique, bonheurs-du-jour ou encore coffres à bijoux en placage de bois de rose, d’amarante ou d’ébène. Moins nombreux et moins typiques, l’ébéniste réalisera également quelques ouvrages en marqueterie de fleurs et d’objets.
MUSÉES
- Commode, Secrétaire, Chiffonière - Musée du Louvre
- Secrétaire à abattant, Secrétaire, Talbe, Bureau plat, Pupitre - J. Paul Getty Museum
- Bureau de toilette - Cleveland Museum of Art
- Table mécanique, Encoignure - The Frick Collection
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BIBLIOGRAPHIE
- Martin Carlin - Connaissance des Arts, n° 20, Octobre 1953, p. 32-37
- Documents inédits sur les ébénistes Martin Carlin et Georges Jacob - Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français". 1928
- Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle - Pierre Kjellberg - Les Editions de l'Amateur - 2008
- Les ébénistes du XVIIIe siècle - Comte François de Salverte - Les éditions d'Art et d'Histoire - 1934