Ses talents sont employés à cette époque par des ébénistes fameux, comme Jean-François Oeben ou Pierre Migeon alors qu’il exerce comme ouvrier privilégié rue de Charonne. Le livre des ouvriers de ce dernier, qui est aussi marchand, témoigne des livraisons de meubles opérées par Canabas jusqu’en 1761.
Une fois obtenues ses lettres de maîtrise, il déploie son activité depuis la grande rue du Faubourg Saint-Antoine au service d’une clientèle privée et de quelques marchands réputés comme les frères Presle.
Canabas s'impose alors comme un spécialiste des meubles fantaisies, pratiques et souvent de conception nouvelle. Il réalise ainsi un grand nombre de meubles menus et soignés au cours de sa carrière. Sa manière est très particulière : il emploie des bois d'acajou d'une qualité rare, d'une remarquable couleur, d'un grain très serré et il se différencie dans la perfection de leur ébénisterie. Une sobriété extrême est de mise et ne laisse place pour tout décor qu’à quelques moulures discrètes. Les bronzes sont pratiquement absents.
Quelques modèles appartiennent au style Transition avec encore des pieds légèrement galbés. Mais la plus grande partie d’entre eux se rattache à un style Louis XVI. Ils sont scrupuleusement étudiés pour servir à des usages précis.
Parmi les premiers en France, Canabas va concevoir des meubles destinés à servir au cours de repas ou d’assemblées en l’absence de domestiques, des meubles légers, faciles à déplacer, le plus souvent munis de roulettes. Les plus typiques sont connus à un nombre assez élevé d’exemplaires : rafraîchissoir, guéridon, pupitre à musique, « serviteur muet » ou « servante », table liseuse ou encore jardinière.
Après le passage de la Révolution, la prospérité regagne à nouveau Canabas jusqu’à son décès sous le Directoire.
Lors de sa vente, son atelier comprend encore selon les affiches et les avis toute une série de « secrétaires, commodes, guéridons, bureaux, tables à coulisse et à patins, tables de nuit à cylindre, consoles, toilettes d’homme et de femme, chiffonnières, fauteuils de bureau et autres objets, pour la plupart en acajou massif, ornés de cuivre et dans le meilleur goût ».
MUSÉES
- Secréaire en tiroir - pupitre à écrire debout, Il repose sur 4 pieds droits à pans coupés ornés de cannelures et terminés par des sabots munis de roulettes. Il comporte un pupitre incliné recouvert de maroquin à long grain décoré au petits fers d'une frise à l'antique et d'un fleuron central où se becquetent des colombes. un tiroir sous le pupitre, et 2 tablettes d'entrejambe celle du milieu dissimulant un second tiroir. 2 tirettes latérales à la partie supérieure. - N°MAD797 - Musée des Arts Décoratifs - Lyon
- Table mécanique - Musée Jacquemart-André
- Rafraîchissoir - Musée Nissim de Camondo
- Pupitre - Cleveland Museum of Art
BIBLIOGRAPHIE
- Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle - Pierre Kjellberg - Les Editions de l'Amateur - 1989
- Les ébénistes du XVIIIe siècle - Comte François de Salverte - Les éditions d'Art et d'Histoire - 1934
- L'Art et la manière des Maîtres ébénistes français au XVIIIe siècle. - Nicolay Jean - Pygmalion - 1976